Maroc : Yanis Begraoui – “La sélection, c’est le rêve ultime” [Exclu]

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Vainqueur de la CAN U23 avec le Maroc en 2023, Yanis Begraoui performe bien depuis un an et demi avec Estoril, au Portugal. Récemment auteur d’un triplé en championnat, l’attaquant de 24 ans, passé par l’AJ Auxerre et Toulouse, frappe à la porte des Lions de l’Atlas, où la concurrence est rude. Yanis Begraoui a dévoilé ses ambitions dans cet entretien accordé à Afrik-Foot, se prononçant aussi sur sa saison en club et la belle CAN 2025 qui attend le Maroc.

Entretien réalisé par A.P.

Yanis Begraoui, tout d’abord, comment allez-vous ?

Ça va super ! Ça se passe bien en ce début de saison, collectivement et individuellement, donc ça ne peut qu’aller !

Estoril est actuellement 10e de Liga Betclic. Après un début de saison en dents de scie, l’équipe semble avoir gagné en régularité. Quel bilan faites-vous de ce début de saison ?

Sur le plan collectif, on aurait aimé mieux démarrer la saison, mais ça a pris un peu plus de temps. Aujourd’hui, on est tous en symbiose, l’entraîneur, le staff, les joueurs. Collectivement, on est de mieux en mieux. On est en train d’avancer petit à petit au classement. On espère finir le plus haut possible. On continue sur notre lancée, match après match, d’essayer de faire les meilleurs résultats possibles.

Sur le plan personnel, vous comptez 5 buts et 2 passes décisives en 14 apparitions toutes compétitions confondues. Et vous restez sur un triplé à Rio Ave et une passe décisive contre Arouca. Comment analysez-vous votre première partie de saison ?

La saison dernière a été incroyable pour moi, pour ma première saison à l’étranger, avec 11 buts et 3 passes décisives. Cette année, sincèrement, je mets tout en œuvre pour que ce soit ma saison, pour que je fasse encore mieux que la saison dernière sur le plan individuel. Franchement, je suis très heureux ici et je souhaite aider le club à s’améliorer et à progresser chaque jour, en donnant le meilleur de moi-même. Je sais que l’équipe a besoin d’un grand Yanis match après match, donc j’essaie de faire mon mieux pour aider l’équipe.

“A Estoril, on est proche de Lisbonne, on a la plage à 5 minutes, la montagne à 15 minutes”

Avez-vous un objectif chiffré pour cette année ?

Franchement, j’ai un objectif en tête. Je vais le garder pour moi. Mais pour commencer, je veux faire mieux que la saison passée sur le plan statistique.

C’est votre deuxième saison à Estoril. Comment vous sentez-vous au Portugal, sur et en dehors des terrains ?

C’est un endroit magnifique. On est proche de Lisbonne, on a la plage qui est à 5 minutes. On a la montagne à 15 minutes. Lisbonne, la capitale, une très grande ville, est à 25 minutes d’Estoril. Et moi, je vis à Cascais, sur la côte, c’est vraiment un endroit fabuleux, magnifique, même pour les touristes. 

Pour ce qui est du club, j’ai été agréablement surpris. C’est un club modeste, mais très bien structuré. Tout le monde est très professionnel et travaille dur pour qu’on ait les meilleures conditions pour performer au plus haut niveau. Ça m’a beaucoup surpris. Je suis content d’avoir franchi cette étape dans ma carrière, sachant que c’est mon premier club à l’étranger dans ma carrière. 

Maintenant, je me sens comme chez moi ici. Le club cherche à s’améliorer jour après jour, entraînement après entraînement, match après match. On cherche toujours à progresser tous ensemble. C’est une équipe qui va se stabiliser année après année et qui a de beaux jours devant elle.

Et la langue portugaise, vous la maîtrisez ?

Oui, je parle un peu portugais (en portugais) ! L’année dernière, je comprenais tout mais c’était plus difficile de parler. Mais maintenant, ça y est, on va dire que je maîtrise !

Et le niveau du football portugais ?

Quand tu viens de l’étranger, tu ne connais pas toutes les équipes. Tu connais les grosses équipes évidemment, mais pas tout le championnat. Mais il y a des très bons joueurs, très talentueux. Les défenseurs sont très physiques et intelligents, ce qui nous oblige à travailler au quotidien pour être prêt pour toute situation de match, parce que tu affrontes tout type de défenseurs. Il faut être prêt à chaque match, chaque équipe est différente, il faut toujours être prêt à 100%.

Y a-t-il un adversaire, club et joueur, qui vous a particulièrement marqué au Portugal ?

Il en faut beaucoup pour me marquer ou me choquer ! Mais c’est vrai que les grosses équipes (Benfica, Porto, Sporting), c’est vraiment un niveau supérieur et tu sens que c’est vraiment un autre niveau.

Il y a un petit clan francophone à Estoril avec Rafik Guitane, Kévin Boma et aussi Xeka qui a joué en France. Ça aide ?

C’est toujours plaisant quand tu viens d’arriver un nouveau club d’avoir des repères comme des personnes qui viennent de ton pays, ça facilite les choses. L’année dernière surtout, il y avait Eliaquim Mangala aussi avec nous, qui avait un peu un rôle de grand frère et qui nous a bien guidés sur les débuts, les premiers mois, par rapport à la traduction. C’est toujours plaisant d’avoir des amis ou des collègues qui viennent du même pays que toi. Ça crée des affinités et des amitiés, c’est bien.

“Je n’ai jamais ressenti pareille émotion que gagner la CAN U23 avec le Maroc”

Vous êtes sous contrat jusqu’en juin 2028, avec une clause à 10 M€. Cet été, on a parlé de vous du côté de Majorque, de l’Espanyol ou du Panathinaïkos. Quelles sont vos ambitions personnelles pour votre avenir ?

C’est toujours plaisant de lire ou entendre que des clubs sont intéressés, ça veut dire qu’ils voient mon travail au quotidien. C’est une sorte de récompense pour mon travail. Mais, franchement, je n’ai pas la tête à un départ. Comme je l’ai déjà dit, j’essaie de tout donner pour le club et pour les supporters, entraînement après entraînement, match après match. Après, ce qui doit arriver arrivera. Actuellement, je n’envisage pas de partir. J’ai des objectifs très élevés avec le club, que ce soit collectivement ou individuellement. Et pour l’instant, je suis uniquement focalisé sur ça.

Vous êtes international U23 avec le Maroc. Vous avez gagné la CAN dans cette catégorie en 2023. Qu’est-ce que ça a représenté pour vous de gagner cette compétition sous le maillot du Maroc ? 

Incroyable ! Je n’avais jamais ressenti une pareille émotion. C’était vraiment unique et exceptionnel pour moi, encore plus en l’ayant remportée à domicile, en tant que pays organisateur. Pour moi, ça a été quelque chose d’incroyable. Surtout de voir la fierté que ça donné à mes parents, ma famille, mes proches quand j’ai porté ce maillot, ça été une victoire et quelque chose de magnifique pour ma famille et moi. Et je travaille dur tous les jours aussi pour essayer d’atteindre l’équipe A. 

Les A sont donc dans un coin de votre tête ? 

C’est sûr ! À partir du moment où j’ai revêtu le maillot du Maroc, l’objectif c’est toujours d’atteindre le plus haut niveau. En sélection, ce sont les A. J’ai connu la réussite avec les U23 en gagnant la CAN, en finissant meilleur buteur et en qualifiant l’équipe pour les JO de Paris 2024. Le rêve ultime pour moi, c’est d’accéder à l’équipe première et de pouvoir montrer toutes mes qualités au peuple marocain. C’est pour ça que je me donne à 100% au quotidien, pour être prêt le jour où on fera appel à moi.

Yanis Begraoui, Maroc
© Iconsport

Votre regard sur Youssef En-Nesyri et Ayoub El Kaabi, les 9 des A ?

L’équipe nationale du Maroc a de la qualité, des très grands joueurs, de très bons attaquants, qui ont eu leur histoire avec la sélection nationale. Après, chaque joueur est différent, chaque profil est différent. Moi, je sais que je travaille au quotidien pour les rejoindre !

Comment les voyez-vous pour la CAN à venir à domicile ? 

Pour avoir joué la CAN U23 au Maroc, je sais qu’il y a une certaine pression. Les supporters ont des attentes et c’est tout à fait normal. Le Maroc attend de gagner un trophée depuis tant d’années, le peuple mérite d’avoir un trophée. Je leur souhaite de la réussite et j’espère que le peuple sera heureux en remportant ce trophée de la Coupe d’Afrique.

Quels seront les autres favoris de la CAN selon vous ?

Pour moi, sur le papier et au regard des récentes performances, le Maroc est favori, encore plus à domicile. Mais pour moi, en Afrique, tous les matchs sont compliqués. Le continent africain est rempli de talents et le football africain est différent du football européen. 

Tout match est difficile, on a pu s’en rendre compte lors des dernières qualifications ou compétitions. Des petites sélections ont réussi à créer des exploits, des grandes nations sont passées à la trappe. Il y a un favori, mais il n’y a que le terrain qui nous dira la vérité. Il y a beaucoup d’équipes prêtes qui essaieront de décrocher ce titre elles aussi.

“Hakimi mérite son Ballon d’Or Africain, j’espère qu’il pourra vite se rétablir pour la CAN”

Un mot sur Achraf Hakimi, Ballon d’Or Africain et vainqueur de la Ligue des Champions avec le PSG.

C’est mérité ! C’est un super joueur, un très grand athlète, un très grand professionnel. Et c’est amplement mérité. C’est un exemple pour tous les Marocains en termes de travail, d’abnégation et de l’image qu’il renvoie au peuple marocain. C’est un exemple pour nous tous et j’espère qu’il pourra vite se rétablir et venir aider l’équipe nationale à atteindre cet objectif de gagner la CAN. 

Savez-vous que la presse portugaise vous surnomme le « sosie de Karim Benzema » ? Qu’est-ce que ça vous évoque ? 

J’essaie de ne pas trop faire attention. Dans le vestiaire, on m’appelle comme ça aussi ! Pour être franc, ce surnom-là, on me le donne depuis très longtemps vu mon profil et mon poste. Les premiers recruteurs qui m’ont suivi me parlaient déjà de ça. La saison passée, l’ancien président d’Estoril me comparait à lui aussi. 

C’est toujours plaisant d’entendre ça, on parle d’un Ballon d’Or, d’un joueur qui a été performant au plus haut niveau, mondialement connu. Moi, je m’inspire des meilleurs et Benzema fait partie des meilleurs du monde. Donc j’essaie de m’inspirer de ce joueur-là. Après, je suis Yanis Begraoui, je suis moi-même, un joueur différent. Mais c’est toujours plaisant !

Yanis Begraoui, Estoril
© Imago

Que peut-on vous souhaiter pour la fin de la saison ?

La santé, la santé ! Et de marquer le plus de buts possible et, surtout, que le club finisse le plus haut possible au classement.

Entretien réalisé par A.P.

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Lantheaume Romain

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !