“Quand on ne me respecte pas…”, le sélectionneur français du Botswana claque la porte après l’exploit face au Cap-Vert [Exclu]

Publié le par Alexis Billebault

Le Botswana a battu deux fois le Cap-Vert (1-0, 1-0), lors des 3e et 4e journées des qualifications pour la CAN 2025. Après ce double exploit contre les Requins Bleus, Didier Gomes da Rosa, le sélectionneur français des Zebras, a démissionné. Avant de rejoindre Al-Ahli Tripoli, l’ancien coach de la Mauritanie explique les raisons de son départ.

Dans quelques heures, Didier Gomes da Rosa (55 ans) foulera le sol libyen, quelques semaines après y avoir effectué un court séjour à l’occasion d’un match amical perdu avec le Botswana face à la Libye à Tripoli (0-1, le 31 août). Le technicien français a quitté son poste de sélectionneur, un an après sa prise de fonction, alors que son équipe venait de remporter deux succès probants contre le Cap-Vert, quart de finaliste de la CAN en Côte d’Ivoire. Un choix que Da Rosa motive pour Afrik-Foot.

Pourquoi quittez-vous votre poste de sélectionneur au lendemain d’un nouveau succès contre le Cap-Vert, alors que votre contrat courait jusqu’au mois d’avril prochain et que le Botswana est second est deuxième de son groupe en éliminatoires de la CAN 2025 et toujours en course pour une qualification pour la prochaine Coupe du monde ?

En effet, je me suis engagé pour un an avec le club libyen d’Al-Ahli Tripoli, que je vais rejoindre ce jeudi 17 octobre. J’étais sous contrat avec le Botswana, avec une prolongation automatique en cas de qualification pour la CAN 2025. J’étais très bien ici, dans un magnifique pays, j’avais une excellente relation avec mes joueurs, avec lesquels nous faisions du bon travail, je pense.

On a battu deux fois le Cap-Vert, on a aussi battu la Guinée (1-0) en qualifications pour la Coupe du monde, fait match nul avec le Mozambique (1-1) début janvier en amical, et je pense qu’on pouvait encore s’améliorer. Seulement, il s’est passé des choses qu’il était difficile pour moi d’accepter, à la suite de décisions prises par Tariq Babitseng, le nouveau président de la fédération.

Didier Gomes Da Rosa, entraîneur
© Iconsport

Que s’est-il passé ?

Déjà, depuis son élection au mois de septembre, je ne l’ai jamais rencontré en tête-à-tête. Il n’y avait pour ainsi dire aucune relation de travail, aucune relation du tout d’ailleurs. Et certains choses ont été décidées sans que je sois consulté. Ainsi, il a décidé de faire reprendre le championnat quatre jours avant le premier match au Cap-Vert, m’empêchant ainsi d’organiser le stage que j’avais prévu avec les joueurs locaux, qui composent très majoritairement la sélection. Puis j’ai appris qu’il avait décidé de ne pas engager la sélection locale pour les éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), alors que c’est une compétition importante pour des pays comme le Botswana. J’ignore pourquoi, on m’a parlé de raisons financières… Je ne sais même pas s’il était au courant que j’étais le directeur des équipes nationales.  

« Je ne demande rien d’autre que du respect et de la clarté »

Ce sont donc ces différentes décisions qui vous ont décidé à partir ?

Absolument. Je n’ai pas un égo surdimensionné, mais il y a des limites. Je ne demande rien d’autre que du respect, de la considération, de la clarté et de la franchise. Or, ce n’était pas le cas. Je pense m’être beaucoup investi depuis ma nomination, au niveau de toutes les sélections nationales. Il y a eu des résultats. Mais quand on ne me respecte pas, quand on prend des décisions sans me consulter alors que je suis quand même concerné, je dis stop. J’ai annoncé ma décision à la fédération avant les matches d’octobre, mais le président ne m’a pas contacté. Il a choisi un nouveau mode de gouvernance, c’est ainsi. Moi, je voulais rester au Botswana, j’y étais très bien, mais dans ces conditions, cela ne me semblait plus possible.

Quelles étaient vos relations avec Maclean Letshwiti, l’ancien président de la fédération ?

Elles étaient excellentes. On s’appelait souvent, on se voyait souvent. J’avais déjà eu quelques sollicitations avant celle d’Al-Ahli. Mais j’avais toujours refusé, car j’avais une très bonne relation de travail avec Monsieur Letshwiti. Nous étions sur la même longueur d’ondes. Il y a un nouveau président, qui vient avec ses méthodes, avec ses hommes. Très bien, c’est lui le patron, mais quand j’ai compris la tournure des évènements, j’ai dit oui aux libyens.

Thatayaone Ditlhokwe, Botswana
Thatayaone Ditlhokwe, capitaine du Botswana.
© Iconsport

« Battre deux fois le Cap-Vert ce n’est pas anodin »

Comment ont réagi vos joueurs ?

Ils sont déçus, comme moi. Il y avait une très belle relation avec eux, on travaillait bien, notamment tactiquement, on progressait. Battre deux fois le Cap-Vert, battre la Guinée, ce n’est tout de même pas anodin. Ces résultats prouvent qu’il y a de la qualité dans cette sélection.  Je vais continuer à suivre les résultats du Botswana avec beaucoup d’intérêt, j’espère qu’ils se qualifiera déjà pour la CAN au Maroc.

Avez-vous une explication à propos de l’attitude de Tariq Babitseng à votre égard ?

Non. On peut tout imaginer : il savait que je m’entendais très bien avec son prédécesseur, il a peut-être voulu tourner la page. Est-ce que c’était pour des raisons financières ? Je n’avais pourtant pas un énorme salaire… J’avais aussi remarqué que certaines personnes à la fédération, avec qui je m’entendais très bien, avaient adopté une attitude plus distante avec moi depuis l’élection du nouveau président. C’est comme ça, c’est la vie. Je vais désormais me concentrer sur ma nouvelle mission, en Libye, dans un très bon club, doté de structures de qualité et de moyens intéressants. 

“Quand on ne me respecte pas…”, le sélectionneur français du Botswana claque la porte après l’exploit face au Cap-Vert [Exclu]

Alexis Billebault

Journaliste spécialisé dans le football africain depuis le début des années 2000, j'ai travaillé sur les 11 dernières CAN.