Depuis la nomination de Marc Brys au poste de sélectionneur en avril, le football camerounais est secoué par une crise qui dure entre la fédération et son ministère de tutelle.
En août, dans une interview accordée au quotidien belge La Dernière Heure, Brys n’a pas raté Samuel Eto’o et Rigobert Song, des icônes du football local et africain, qu'il a égratignées. Peu de réactions ont été notées, à l'inverse par exemple de la France, lorsque l’ancien président de la FFF, Noël Le Graët, avait a été repris de volée par le milieu du football pour avoir indexé Zinédine Zidane en janvier 2023. Ancien coéquipier d'Eto'o et Song en sélection, Patrick Mboma s'est exprimé sur ce dossier sensible en exclusivité pour Afrik-Foot.
“Je pense que la défense de Samuel Eto’o et Song a existé, mais elle n’a pas été à la hauteur de la sortie de Mbappé et des autres pour défendre Zidane. C’est vrai que les gens ont d’abord pris le temps pour voir si les propos attribués à Marc Brys n’étaient pas des fake news. Après recoupement, les gens se sont rendus compte que c'était vrai, les propos émanaient de lui, et certains ont riposté. Il ne faut pas se tromper, on n’est pas fou, tout le monde sait qui est Samuel Eto’o au Cameroun, en Afrique et dans le monde mais on ne connait pas Marc Brys.”
Patrick Mboma
“Le monde a connu Marc Brys quand il a pris la sélection camerounaise”
Le Ballon d'Or africain 2000 a ensuite remis Marc Brys en place, le renvoyant à son relatif anonymat hors de la Belgique jusqu'en avril dernier.
“Le monde a connu Marc Brys quand il a pris la sélection camerounaise. Avant, personne ne le connaissait. Donc on ne doit même pas perdre notre temps à comparer l’un et l’autre. Maintenant pourquoi ils ont l’arrogance pour arriver et manquer de respect ? Ca, je ne le sais pas. Peut-être pour certains, c’est un manque d’éducation, peut-être pour d’autres, les effets du colonialisme pourraient l’expliquer. Ils pensent que les Africains ne sont toujours pas à réfléchir et s’émanciper. Il peut y avoir des raisons sociologiques pour expliquer tout ça. Moi ce que je comprends dans cette affaire, c’est que Marc Brys a manqué de tact et d’intelligence, et il ne faut pas lui donner plus d’importance que ça !”
Patrick Mboma
“Il y a des gens qui empiètent sur les tâches des autres”
Reste une question : pourquoi les anciens, comme Mboma n'ont pas mené de médiation dans ce conflit ? Sur ce sujet aussi, l’ancien attaquant des Lions Indomptables n'a pas fait dans la langue de bois.
“Je comprends votre logique, mais vous ne savez pas qui s’entend avec qui. Dans ce cas de figure précis, il y a un patron et une autre personne qui doit considérer qu’elle a une relation de subordination et il ne veut pas la considérer. Il y a une forme de rébellion car ce personnage se sent protégé alors même qu'il entre dans une guéguerre qui ne devrait même pas être. On devait définir depuis longtemps dans quel couloir chacun devait évoluer. Bon là, on a compris qu’il y a des gens qui empiètent sur les tâches des autres. L’idée de la médiation n’est pas farfelue, mais pourquoi elle n’a pas existé ? Peut-être qu’on n’y a pas pensé. A ce jour, les choses se sont estompées, voyons ce que ça va donner, même si je crois que des troubles vont apparaitre dans les prochaines heures.”
Patrick Mboma
Alors que la sélection fonctionne avec deux staffs distincts depuis juin, Brys avait assuré lors du dernier rassemblement que le problème de l'encadrement sera résolu pour le regroupement d'octobre. Reste à savoir ce qu'il en sera réellement alors qu'Eto'o a décidé de prendre les choses en main. Vendredi, le patron de la Fecafoot a coupé l'herbe sous le pied du Minsep en annonçant qu'il présidera lundi la première réunion préparatoire du match contre le Kenya (11 octobre) comptant pour la 3e journée des éliminatoires de la CAN 2025.