Au moins 20 supporters du Zamalek ont perdu la vie dimanche avant la rencontre opposant leur équipe à ENPPI (1-1). Les ultras du club cairote dénoncent un “massacre prémédité”. La responsabilité des forces de police est mise en cause.
Survenu dimanche, avant la rencontre Zamalek-ENPPI (1-1) au stade des Forces aériennes du Caire, le nouveau drame du football égyptien aurait-il pu être évité ? C’est la conviction des Ultras White Knight, un groupe de supporters du club cairote, qui dénoncent un “massacre prémédité” et une “sale conspiration” sur leur page Facebook. Mardi soir, le bilan du drame établi par les autorités médicales s’est encore alourdi pour atteindre 20 morts après l’annonce du décès d’une adolescente de 14 ans, qui a succombé à ses blessures, rapporte Al Ahram.
Pour justifier leurs soupçons, les Ultras White Knight s’interrogent sur la mise en place d’un étrange dispositif pour contrôler les supporters à leur entrée au stade : un corridor étroit composé de cages successives et entouré de barbelés. “Avez-vous déjà vu ces minuscules cages de métal (…) pour un match de foot en Egypte ou n’importe où dans le monde ?“, s’étonnent les ultras, qui déplorent, pour leur part, non pas 20 mais 30 victimes, dont ils ont publié la liste des noms accompagnée des photos des corps.
Le drame avait commencé à se tramer bien plus tôt. Dès l’annonce par les autorités égyptiennes de la levée partielle du huis clos qui frappe le championnat égyptien depuis le drame de Port-Saïd en février 2012. Dimanche, 10 000 spectateurs avaient été autorisés pour la rencontre. En guerre ouverte avec les ultras, Mortada Mansour, président du club cairote, a fait acheter la moitié des billets directement par le club, qui les a redistribué à des supporters du “sérail”.
La rareté des 5 000 places restantes a poussé certains supporters qui n’avaient pas de billets à tenter tout de même leur chance à l’entrée du stade, espérant se faufiler dans l’enceinte ou récolter le précieux sésame au marché noir.
Pourquoi le match a-t-il été maintenu ?
Sous le feu des critiques pour avoir laissé la rencontre avoir lieu après les incidents, l’arbitre du match Mahmoud El Banna s’est défendu, en affirmant à la télévision égyptienne qu’il n’a pas été informé du décès de supporters avant le coup d’envoi. A leur arrivée, les joueurs du Zamalek ont été mis au courant du drame par leurs fans, mais des officiels leur ont ensuite assuré qu’il n’y avait pas de victime. Ils ont donc accepté de jouer, à l’exception du prometteur Omar Gaber, proche des ultras, qui a été suspendu par son club. |
Alors que des supporters tentaient de “forcer l’entrée“, les forces de l’ordre ont réagi, en lançant du gaz lacrymogène pour disperser la foule et “éviter des dégradations de biens publics” à l’intérieur du stade, affirment-elles. Pris de panique, les supporters ont tenté de fuir en empruntant le corridor constitué de cages. La précipitation et l’étroitesse de la voie ont causé les 20 décès par “piétinement” ou “suffocation” et autant de blessés.
Le ministère de l’Intérieur a déjà rejeté toute responsabilité dans les événements. Les autorités ont tout de même annoncé l’ouverture d’une enquête. A-t-elle une chance d’aboutir alors qu’aucun policier égyptien n’a été condamné pour fait de violence depuis la révolution de 2011 ?