52 ans après sa première participation à la Coupe du monde, Haïti s’invite à la fête pour 2026. Qualifiée héroïquement dans un contexte national chaotique, la nation insulaire peut-elle être déjà comptée comme la « dixième » sélection africaine à la Coupe du monde 2026 ? Ou plus exactement onzième si la RDC réussit elle aussi à acter ses retrouvailles avec le Mondial lors du barrage intercontinental de mars…
Géographiquement, évidemment, la réponse est non. L’île d’Hispaniola, qu’Haïti partage avec la République Dominicaine, est située à pas moins de 6 000 kilomètres des premières côtes africaines.
Cependant, ni l’étendue de l’Océan Atlantique, ni le poids de l’histoire tourmentée d’Haïti n’ont abîmé les racines culturelles et spirituelles qui la lient profondément au continent africain.
Haïti, si proche et si loin de l’Afrique
En arrachant son indépendance à la France en 1804 suite à une révolte d’esclaves victorieuse, Haïti devient en effet une boussole symbolique du monde noir, et un repère moral pour l’Afrique. Au cours du XIXe siècle, elle est d’ailleurs surnommée « fille aînée de l’Afrique » dans les cercles panafricains et caribéens.
Le pays apportera, au siècle suivant, un soutien constant aux mouvements indépendantistes africains. Entre les années 1950 et 1980, des milliers de médecins, ingénieurs, magistrats ou enseignants haïtiens partent même vivre en Afrique pour participer à la construction des nouveaux États et à la formation d’une nouvelle élite africaine. Un épisode malheureusement méconnu, mais important de l’histoire de l’Afrique contemporaine. Il n’était donc pas rare de croiser des Haïtiens à Kinshasa, Dakar, Lomé, Ouagadougou ou Bangui.
Encore aujourd’hui, une large partie de la population haïtienne revendique avec fierté son ascendance africaine. Si l’île a développé une identité antillaise propre, l’influence africaine se retrouve partout : dans la spiritualité (le vodoun) la gastronomie, la hiérarchie sociale, la musique, les danses… et le sport.
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L’assaut des Grenadiers : une fierté pour le continent ?
En effet, Haïti a pris le contre-pied de son voisin dominicain, qui a longtemps privilégié le base-ball, sous influence américaine. C’est bien le football qui est roi là-bas. Et l’Afrique n’y est pas totalement étrangère.
Déjà, dans le style. Beaucoup de joueurs haïtiens s’illustrent souvent par une explosivité, un sens du dribble et de l’improvisation très caractéristique du continent.
Et surtout, le football haïtien a longtemps observé et imité les modèles africains qui dominaient les années 1960-80 : le Ghana, le Cameroun, ou le Zaïre (actuelle RD Congo), avec lequel Haïti partage une histoire unique. Les deux nations furent conjointement les premières à représenter le monde noir à une Coupe du monde en 1974.
Et aujourd’hui encore, les défis du football haïtien ressemblent à ceux de nombreux pays africains : infrastructures insuffisantes, difficultés de formation, instabilité administrative, budget réduit… mais une grande richesse de talents.
Le sélectionneur Sébastien Migné, figure familière du football africain, s’appuie sur une ossature de binationaux venus de France ou du Canada, ainsi que quelques « produits locaux » expatriés. L’ancien adjoint de Rigobert Song au Cameroun a même réussi à qualifier Haïti… sans jamais y poser le pied, en raison de la situation sécuritaire, les matchs étant délocalisés à Barbade, Aruba ou encore Curaçao.
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Rendez-vous au Mondial… avec la RDC ?
Alors que le pays fait face à une situation extrêmement instable sur le plan politique et sécuritaire, les Grenadiers ont trouvé les ressources pour dominer une poule composée du Nicaragua, du Honduras et surtout du Costa Rica, sextuple Mondialiste et quart-de-finaliste en 2014. Une performance remarquable, mais pas si surprenante lorsque l’on observe la qualité réelle de l’effectif.
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Car si Haïti reste peu médiatisée en Afrique, plusieurs de ses joueurs évoluent dans des championnats majeurs : Jean-Ricner Bellegarde (Wolverhampton) et Hannes Delcroix (Burnley) en Premier League, Carlens Arcus (Angers) et Josué Casimir (Auxerre) en Ligue 1, Jean-Kévin Duverne (La Gantoise) en Belgique ou Frandtzy Pierrot (AEK Athènes) en Grèce. Co-meilleur buteur des éliminatoires, Duckens Nazon côtoie lui le Malien Moussa Djenepo et le Marocain Munir El Haddadi à l’Esteghlal FC, en Iran.
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L’Afrique pourrait compter officiellement dix représentants si la RDC remporte les barrages intercontinentaux en mars prochain. Mais une qualification simultanée des Léopards et des Grenadiers, 52 ans après le Mondial 1974 qu’ils avaient disputé ensemble, serait une très belle histoire.
Et un double hommage à la terre mère…

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