On le sait déjà. On sait comment ça va finir. Comme en 2019 avec Sadio Mané, comme en 2022 encore avec le Sénégalais… Pourtant, chaque fois, on se prend à rêver. Cette année, c’est Achraf Hakimi qui incarne cet espoir. Mais au fond, l'issue de la soirée Ballon d'Or de lundi semble déjà écrite.
Hakimi ferait pourtant un Ballon d’Or idéal. Défenseur, il serait le premier depuis Fabio Cannavaro deux décennies plus tôt. Infatigable coureur de flanc, travailleur acharné, joueur « propre » rarement sanctionné, symbole de discipline et de collectif. Né à Madrid mais fidèle au Maroc, capitaine des Lions de l’Atlas, il incarne le « binational » que chaque pays africain aimerait avoir. Un trophée dans ses mains aurait une force symbolique immense : un deuxième Ballon d’Or africain, trente ans après George Weah.
L’illusion Hakimi
Et les arguments pour y croire existent. Sa saison historique avec le PSG, ponctuée d’une excellente Coupe du monde des clubs. Sa capacité à briller dans les grands rendez-vous, jusqu’à marquer en quarts, demi et finale de Ligue des champions. Les réseaux sociaux marocains qui inondent la toile de messages, au point de nous convaincre qu’un raz-de-marée venu d’Afrique pourrait peser dans les urnes. Et même le précédent de 2024, où Rodri avait surpris Vinicius à la dernière minute, nous pousse à nous demander : pourquoi pas ?
Ce soir, l’histoire peut s’écrire.
— FRMF Xtra (@FRMFXtra) September 21, 2025
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Les précédents Sadio Mané
Comme l’an dernier, quand Lookman et son triplé en finale de Ligue Europa semblaient pouvoir infléchir le vote et le faire grimper a minima dans le top 10. Comme en 2019, où Mané, auréolé de la Ligue des champions et d’une CAN de feu, avait fini quatrième, loin derrière Messi. Comme en 2022 lorsque son sacre espéré s'est transformé en deuxième place à des années-lumière de Karim Benzema (549 points à 193). Chaque fois, l’Afrique y a cru. Chaque fois, elle a été déçue.
Cette année encore, on se prend au jeu. Le tout accentué par la réelle union africaine derrière Hakimi, renforcée par le lobbying du Maroc en coulisses. Même si on sait que tout est déjà plié.
Une déception annoncée… ou un prélude ?
Ousmane Dembélé est le favori. C’est probablement lui qui raflera le trophée, parce que la logique du Ballon d’Or est implacable : les stars offensives brillent plus fort dans l’imaginaire collectif. Mais si Hakimi devait échouer, ce ne serait pas une défaite totale. Son parcours, sa saison, et le rêve qu’il a suscité auront déjà marqué une étape.
Peut-être que ce lundi, Hakimi ne reprendra pas le flambeau de Weah. Mais il aura ouvert une brèche, montré qu’un défenseur africain pouvait se hisser au sommet du débat mondial. Et tôt ou tard, l’Afrique finira par briser ce plafond qui est plus fragile qu’on ne le pense.