Le Gabon saura le 13 novembre, après son match de demi-finale des barrages africains face au Nigeria, s’il peut encore espérer disputer la Coupe du monde 2026. Avant cette échéance, Thierry Mouyouma, le sélectionneur des Panthères, s’est confié à Afrik-Foot. Le technicien en a également profité pour parler de la CAN au Maroc, et de certains de ses cadres, Pierre-Emerick Aubameyang et Denis Bouanga en tête.
Thierry Mouyouma, jeudi 13 novembre à Rabat, le Gabon affrontera le Nigeria, lors d’une des demi-finales des barrages de la Zone Afrique à la Coupe du monde 2026. Comment ce rendez-vous décisif se présente-t-il ?
A l’heure où je vous parle, je n’ai pas de forfaits à déplorer. Nous savions depuis plusieurs semaines que nous ne pourrions pas compter sur Shavy Babicka (Etoile Rouge Belgrade) et Jim Allevinah (Angers), après leurs blessures (respectivement fracture du péroné et mollet, ndlr). On espère qu’ils pourront être disponibles pour la CAN. Ce sont deux absences évidemment préjudiciables. Nous aurions aimé qu’ils soient avec nous à Rabat.
Ce match contre le Nigeria décidera de l’avenir de votre sélection en qualifications pour le Mondial. Soit elle peut espérer disputer les barrages intercontinentaux en mars, soit le rêve s’arrêtera le 13 novembre dans la soirée…
Nous savons que le Nigeria, une grande sélection africaine, est le favori, et notre statut d’outsider nous va très bien. Le Nigeria aura davantage la pression, ce qui est logique. Mais, si nous respectons cette équipe pour tout ce qu’elle représente, nous ne la craignons pas. On connaît la valeur de son effectif, les dangers que sont Victor Osimhen et Ademola Lookman. Et je pense que le Nigeria nous connaît très bien.
/https%3A%2F%2Fwww.afrik-foot.com%2Fapp%2Fuploads%2F2025%2F11%2FMouyouma-2.jpg)
On sait que pour disputer la Coupe du monde, il faudra battre les Super Eagles, puis la RD Congo ou le Cameroun, et encore une ou deux équipes en mars. C’est un long parcours. Nous le savions, mais ces matchs vont faire progresser l’équipe et le staff technique. Il y a de gros enjeux, et émotionnellement, je préfère qu’on joue des rencontres comme celle du 13 novembre, comme celles de la CAN, que des matches amicaux.
“Contre le Nigeria, ce sera une opposition de styles”
Jouer des matches amicaux en novembre aurait pu signifier, aussi que votre sélection se serait directement qualifiée pour la Coupe du monde. Avez-vous des regrets ?
Je crois pouvoir dire que nous avons réalisé un très beau parcours, en prenant vingt-cinq points sur trente, en terminant à une seule unité de la Côte d’Ivoire championne d’Afrique en titre, et comme meilleure deuxième de la zone Afrique. Nous avons montré de bonnes choses, battu tous nos adversaires sauf les Eléphants (0-1, 0-0). Je pense qu’avec plus de réalisme, nous aurions pu nous imposer au match retour contre les Ivoiriens.
Mais je pense que nous pouvons être fiers de notre premier tour. Battre le Kenya, le Burundi, la Gambie, surtout en déplacement, ce n’est pas anodin. Le Gabon progresse, et il ne faut pas oublier qu’il lui est arrivé d’échouer contre des équipes supposées moins fortes, comme le Burundi en qualifications pour la CAN 2019.
Qu’avez-vous plus particulièrement apprécié ?
L’état d’esprit des joueurs. Ils sont réceptifs à ce que le staff technique veut mettre en place : un jeu de possession, avec une prise de risques. Contre le Nigeria, par exemple, ce sera une opposition de styles. On doit peut-être progresser dans la gestion de nos matchs, savoir temporiser, mieux gérer nos efforts, les coups de pied arrêtés adverses, le jeu en profondeur de nos adversaires. Ce sont deux points forts du Nigeria, par exemple. C’est en affrontant la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria, qu’on progresse.
Des équipes contre lesquelles votre équipe a du mal à briser le plafond de verre…
Si on regarde les résultats récents, c’est vrai. Nous avons perdu deux fois face au Maroc (1-4, 1-5) en qualifications pour la CAN. Nous avions su bousculer cette sélection, la meilleure d’Afrique, mais pas assez longtemps. Il faut mieux fixer nos priorités dans un match. Passer du jeu de possession à un jeu plus attentiste, car on sait qu’en prenant des risques face à des équipes comme le Maroc, on s’expose beaucoup. Mais j’aime que mes joueurs osent. Nous avons progressé sur le plan technique, sur le plan tactique, sur celui de la discipline collective.
“Il ne faut pas retenir que les buts de Pierre-Emerick Aubameyang “
La CAN approche, même si vous êtes focalisé sur le match du 13 novembre. Le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Mozambique, n’est-ce pas le groupe où personne n’avait envie d’être ?
(Rires) Disons que c’est sans doute un des plus compliqués… Nous sommes un outsider, le Cameroun et la Côte d’Ivoire en sont les favoris. On va retrouver les Ivoiriens, on se connaît très bien désormais. Mais nous les jouerons seulement lors du troisième match. Nous serons peut-être déjà fixés sur notre sort… Avec un premier rendez-vous face à notre voisin camerounais, au moins, nous serons tout de suite dans la compétition.
Nous allons tout faire pour franchir ce premier tour, en restant fidèles à nos principes de jeu. Nous sommes très heureux de participer à cette CAN. On dit que c’est plus facile de se qualifier avec vingt-quatre sélections en phase finale, mais le Ghana et la Guinée n’ont pas réussi à le faire.
Deux internationaux gabonais font parler d’eux, en bien, que ce soit avec la sélection ou en club. Il s’agit de Pierre-Emerick Aubameyang et de Denis Bouanga. Que pensez-vous de leurs performances ?
Pierre-Emerick a 36 ans, mais j’ai l’impression qu’il se bonifie avec l’âge. Cela fait plus de dix ans qu’il est un des meilleurs joueurs africains. Il est revenu à Marseille après une saison en Arabie Saoudite, et il est performant. En sélection, il ne faut pas retenir que ses buts. Son état d’esprit est excellent. C’est un compétiteur, et quand je l’ai rencontré après ma nomination pour le convaincre de revenir, j’ai aussi insisté sur le rôle de leader qui serait le sien. C’est le meilleur joueur de l’histoire du football gabonais. C’est un cadre, il tire le groupe vers le haut.
/https%3A%2F%2Fwww.afrik-foot.com%2Fapp%2Fuploads%2F2025%2F11%2FMouyouma-3.jpg)
Quant à Denis Bouanga, il fait une saison de très haut niveau avec Los Angeles FC en MLS, où il marque beaucoup, et avec le Gabon, il a terminé troisième meilleur buteur des qualifications pour la Coupe du monde de la zone Afrique (8 buts). Lui aussi tire le groupe vers le haut.
Il fait partie des dix joueurs nominés pour le titre de Joueur Africain de l’année, ou Ballon d’Or Africain, qui sera décerné lors des prochains CAF Awards….
Oui, et sa présence parmi les prétendants est logique. C’est un joueur efficace, spectaculaire, et je pense qu’il a ses chances, même si, avec Mohamed Salah, Victor Osimhen ou Achraf Hakimi, le concurrence sera particulièrement rude…

![Barrage Nigeria-Gabon : Thierry Mouyouma – “le statut d’outsider nous va très bien” [Exclu]](https://www.afrik-foot.com/thumbor/TKqCxezNGOoiq10EBZRsk7kPCeI=/1200x800/smart/filters:format(webp)/https%3A%2F%2Fwww.afrik-foot.com%2Fapp%2Fuploads%2F2025%2F11%2FMouyouma.jpg)