Maroc : Mounir Chouiar – “la sélection ? C’était un peu l’objectif en venant ici” [Exclu]

Publié le par

Formé à Lens, et passé ensuite par Dijon et plusieurs clubs en Turquie, Mounir Chouiar a fait le choix l’été dernier de quitter le football européen et Ludogorets en Bulgarie pour tenter l’expérience au Maroc, le pays de ses origines maternelles, en s'engageant avec la RS Berkane. Auteur de débuts très convaincants, l’ailier de 26 ans a été récompensé par sa première convocation avec la sélection A’ du Maroc à l’approche de la Coupe Arabe de la FIFA. Mounir Chouiar est revenu sur son parcours et ses ambitions dans cet entretien accordé à Afrik-Foot.

Entretien réalisé par A.P.

Mounir Chouiar, vous avez été convoqué avec la sélection nationale A’ du Maroc, qui prépare la prochaine Coupe Arabe (du 1er au 18 décembre). Qu’est-ce que ça représente pour vous ? 

Ça représente beaucoup de choses pour moi. Quand j’avais 19-20 ans, j’avais reçu un appel d'Hervé Renard, qui me sollicitait pour l’équipe A du Maroc, mais en m’expliquant qu’il allait bientôt partir. À partir de là, j’ai réfléchi et, comme à ce moment-là, j’étais appelé avec les Espoirs en équipe de France, je me suis dit que je n’allais pas me précipiter. C’est pour cela que je ne me suis pas retrouvé international A avec le Maroc. 

Aujourd’hui, j’avoue que j’ai été un peu surpris de ma convocation. On était en déplacement avec mon club, on avait perdu le match, on était déçu et cette convocation m’a immédiatement remonté le moral. C’était un peu l’objectif en venant ici au Maroc, je me suis dit que ce serait bien de pouvoir avoir accès à l’équipe nationale et pourquoi pas toucher les A. Ça fait plaisir, ça fait plaisir ! 

Là, j’ai fait la découverte du coach (Tarik Sektioui, ndlr), j’avais beaucoup entendu parler de lui et, franchement, humainement parlant, on n’en voit pas beaucoup comme ça, c’est un super mec, un super coach aussi. J’espère apprendre beaucoup avec lui et avoir la chance de participer à la Coupe Arabe.

Comment se déroule le stage ?

Le stage se passe bien. On se prépare physiquement, techniquement et tactiquement. Il met en place sa philosophie sur l’aspect offensif et défensif. Comme il y a pas mal de nouveaux, on essaye de trouver une certaine cohésion, un esprit de famille entre nous sur le terrain. Le staff essaie de mettre ça en place, ça se passe plutôt bien. Moi, je ne connaissais pas tout le monde. Je connaissais quelques joueurs de noms, d’autres avec qui j’ai déjà joués. On s’entend très bien.

On a commencé en début de semaine dernière. Le coach m’a dit que c’était bien pour moi d’être là, que c’était une porte ouverte pour moi. Ça m’a fait plaisir. L’espoir, c’est d’y être. Mais c’est déjà bien d’être là. C’est du positif. Ce serait bien d’y aller mais c’est un choix. Il faut rester positif. Je ne m’inquiète pas pour l’avenir.

“Berkane n'a rien à envier à un club européen”

C’est le fruit de votre bon début de saison avec le club de Renaissance Berkane. Vous en êtes à 3 buts et 2 passes décisives en 10 matches toutes compétitions confondues. Comment expliquez-vous ce départ canon ?

C’est encourageant ! Je vais essayer de faire encore mieux, de faire plus de stats. J’ai un coach à Berkane qui me pousse, qui m’encourage. Mes coéquipiers aussi. J’ai des coéquipiers que j’ai connus dans d’autres clubs qui sont derrière moi aussi. J’aimerais aussi réaliser ce genre de stats. Démarrer comme ça, ça donne confiance en soi, on se dit qu’il y a la possibilité de réussir quelque chose de bien. 

Racontez-nous un peu pourquoi vous avez décidé de rejoindre le Maroc cet été. 

Je jouais auparavant en Bulgarie, à Ludogorets. Ça s’est très bien passé, mais par rapport au championnat, aux difficultés que j’ai eues là-bas, les changements de coaches, les choix, je me suis dit que ça allait être difficile de rester là-bas. Donc je me suis dit que j’allais vivre une nouvelle expérience. 

J’avais le Maroc qui s’est ouvert à moi, je me suis dit que ça pouvait être intéressant, d’autant qu’en ce moment, il y a une belle évolution sur le plan du football au Maroc. Je me suis dit pourquoi pas. On m’a très bien accueilli, j’ai visité le club, le centre de formation. Ça reste une petite ville, mais ça vit tous les jours. Je m’y suis fait footballistiquement. Ce qui était compliqué au début, c’étaient les premières chaleurs l’été, l’intensité qu’ils mettent aussi. En Ligue 1, il y a des zones du terrain, où il y a moins d’intensité. Ici, c’est partout ! Mais je me suis vite adapté. J’ai marqué pour mon premier match, ça m’a fait plaisir, les joueurs étaient contents pour moi. C’est un bon début, j’espère que ça va continuer comme ça. 

Vous avez joué dans plusieurs championnats, dans de grands clubs, comment trouvez-vous la structure de Berkane ? 

J’étais un peu étonné, je m’attendais à quelque chose de plus « normal », vu que c’est une petite ville. Mais en fait, c’est vaste, c’est grand, ils ont refait les terrains. Ils ont une bonne structure. Il y a un endroit dédié aux professionnels, il y a un internat, il y a une bonne structure. J’étais un peu étonné. Ils n’ont rien à envier à un club européen en fait. 

Le club est ambitieux, Zinedine Machach, Ismaël Kandouss, Oussama Haddadi, Rayane Aabid sont aussi arrivés cet été. Quel est le projet à court/moyen terme ?

Ils ont remporté le championnat du Maroc la saison passée et on s’est qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des Champions Africaine. On est sur une bonne lancée. Ils m’ont fait part de leurs objectifs, ils m’ont dit quels joueurs allaient aussi venir par rapport à la Ligue des Champions. Il y a des objectifs très élevés. Pour l’instant, on tient le coup. C’est super intéressant. C’est une bonne visibilité aussi pour moi, je me dis que la Ligue des Champions Africaine, c’est une expérience à vivre, ça se joue. En Bulgarie, on a été éliminé en Ligue des Champions juste avant que je parte. Je me dis que ça valait le coup de venir. Pour l’instant, ça suit son cours. 

Comment jugez-vous le niveau du championnat ?

Il y a légèrement plus d’intensité ici. Après, comme dans tout championnat, il y a une variété en fonction des ambitions et statuts des clubs, des profils des coaches et des joueurs aussi. Il y a beaucoup d’intensité, j’ai l’impression de jouer des derbies tous les jours, peut-être parce que Berkane est attendu. C’est ce que j’ai ressenti. J’ai surtout vu qu’ils étaient très soudés. En Europe aussi, mais ici, chaque match est une finale. 

On sent un engouement incroyable autour du foot au Maroc en ce moment. La demi-finale de Coupe du Monde des A en 2022, l’organisation de la CAN dans quelques semaines, la victoire des U20 au dernier Mondial, les U17 qui ont mis un 16-0 en Coupe du monde tout récemment. Ça fait quoi de vivre ça de l’intérieur ?

Je me dis que je suis arrivé au bon moment, le Maroc enchaîne dans toutes les compétitions majeures. Ça donne envie de vouloir suivre ce chemin, en sélection, comme en club. Il y avait aussi un aspect politique aussi avec le fait qu’on ait récupéré un territoire (le 31 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution reconnaissant le plan d’autonomie soumis par le Maroc pour le Sahara Occidental, ndlr). Il y a tout un ensemble de choses positives qui se passent depuis que je suis au Maroc qui font que l’atmosphère est vraiment bien. Ça se voit dans le quotidien. On pense football, on parle football, on est dans le bain, on veut faire aussi bien que les sélections qui gagnent. C’est une dynamique positive. 

Mounir Chouiar, Berkane
Crédits photo : RS Berkane officiel

La Coupe d'Afrique des Nations justement, c’est dans un coin de votre tête ?

Je me dis que là, j’arrive en équipe nationale, on ne sait pas de quoi demain est fait, ça peut aller très très vite dans le football. On m’a toujours appris à rester positif pour attirer le positif. Ces derniers temps, ça fonctionne plutôt bien, vu cette convocation en sélection. Je me dis que ça pourrait continuer, si j’arrive à me faire remarquer. C’est sûr que, si j’arrive à faire la CAN, ce sera quelque chose de merveilleux dans ma carrière. Jouer des compétitions comme ça pour sa nation, c’est important pour moi, pour ma famille, pour mon club, ce serait très bénéfique. 

“Faire la CAN au Maroc, ce serait quelque chose de merveilleux”

Le Maroc est-il favori pour le titre à la CAN

Franchement ouais ! Je suis en contact avec le gardien, qui joue en club avec moi (Munir El Kajoui, ndlr). On sait que le coach fait les choses bien. Les joueurs, j’en connais certains, il y a un très bon niveau. D’autres en Europe se sont mis en valeur aussi et viennent aider. Comme on l’a fait en Coupe du monde, on va continuer sur cette dynamique-là. On va essayer de faire la différence et de prouver que le Maroc est une grande nation et peut faire les choses très très bien dans cette compétition. On sait que la CAN est une compétition compliquée, très dure à jouer. Là, ça se passera à domicile, avec un temps méditerranéen, ça va bien se passer. On joue chez nous, on va vouloir prouver. Il y a des chances que le Maroc l’emporte. 

De quels adversaires les Lions de l’Atlas devront-ils se méfier ?

Techniquement et avec le ballon, on est très bien. On ne sous-estimera personne. Je vois ça dans le championnat, il n’y a pas de petite équipe. Il y a des grandes nations, mais on va se concentrer sur nous. 

Entretien réalisé par A.P.

Avatar photo

Lantheaume Romain

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !