Coupe du monde de football : face au Brésil, le Ghana peut devenir grand

Le Ghana ne pouvait rêver plus belle affiche pour les premiers huitièmes de finale de Coupe du Monde de football de son histoire. Mardi, les Black Stars défient le Brésil au cours d'une rencontre prometteuse. Eux qui voulaient rattraper leur retard d'estime vis-à-vis du Cameroun et du Nigeria n'ont plus qu'à tout donner et tirer le meilleur parti de ce match de prestige.



 Ghana Unite…

Des milliers de supporters Ghanéens ont gagné la Place de l'Indépendance, samedi, à Accra, pour « célébrer la victoire historique et la qualification des Black Stars au second tour de la Coupe du monde ». L'organisation de ce carnaval avait été annoncée dès jeudi par le ministère de l'Information, qui précisait : « No party colours please » (pas de couleurs de partis s'il vous plaît). Le code vestimentaire était réduit aux couleurs nationales, jaune, rouge et vert, ou aux « couleurs de la victoire : le blanc ». Du coup, l'Accra Mail rend compte, ce lundi, d'une fête où « les barrières sociales, politiques, religieuses, sexuelles et économiques » ont disparu. La Coupe du Monde a même réuni high lifers et hip lifers, ancienne et nouvelle génération inconciliables de musique ghanéenne, avec les artistes Amakye Dede et Mzbel. Même le secrétaire général ghanéen des Nations Unies, le Ghanéen Koffi Annan, est sorti de sa réserve, jeudi, avant le match décisif contre les Etats-Unis (remporté 2-1 par le Ghana), pour souhaiter bonne chance à « [ses] gars ». « Je pense que la cote est favorable au Ghana », avait-il analysé, plus au courant que certains commentateurs et consultants américains brocardés par The Accra Mail pour leur arrogance. C'est le cas de l'ancien défenseur Alexis Lalas, qui avoue ne « pas avoir pu placer [le Ghana] sur une carte » et promettait des milliards de dollars de Produit intérieur brut en cadeaux en cas de victoire. Sans doute ont-ils cru que le classement Fifa/ « Coca-Cola », qui place les Etats-Unis à la cinquième place, la République Tchèque à la deuxième et le Ghana à la 48e, était une science exacte.

 …Africa Unite

« Vous n'avez pas seulement uni les Ghanéens mais également rendu fier tout le continent, en même temps que vous nous avez apporté de nombreux amis dans le monde », estime l'Union nationale des femmes supportrices (Ghana). Stephen Appiah, le capitaine ghanéen, en est convaincu. « A présent, nous ne représentons plus uniquement le Ghana, mais tout le continent africain. » a déclaré jeudi le milieu de terrain de Fenerbahce (Turquie), après la qualification du pays de Kwame Nkrumah, le père du panafricanisme. Même le prince saoudien Al-Waleed bin Talal Abd Al-Aziz y est allé de son don (100.000 dollars) à l'équipe du Ghana, a annoncé vendredi le gouvernement ghanéen. « Tous Ghanéens », annonce de son côté le portail Sportunisien, qui reportera son espoir sur le Black Star, après la triste élimination des Aigles de Carthage face à l'Ukraine.

 “Des surprises peuvent se produire” pour Radomir Dujkovic

« Si vous arrêtez Ronaldinho, il y a Ronaldo. Si vous arrêtez Ronaldo, c'est Roberto Carlos qui arrive. Et quand bien même vous stopperiez le latéral gauche du Real Madrid, Cafu prend le relais… » C'est ainsi que Ratomir Jujkovic, le sélectionneur du Ghana, résume la situation à laquelle son équipe aura à faire face mardi. Ce qui ne l'empêche pas de croire à la victoire : « Nous devons prendre ce match comme n'importe quel autre. Je crois que nous pouvons les contrer parce qu'ils ne sont pas à leur meilleur niveau. Ils ont d'excellents joueurs, mais en tant qu'équipe, ce n'est pas encore ça (…) Le Brésil a plus de qualité et d'expérience, mais nous l'avons vu auparavant : des surprises peuvent se produire et se produisent ». Carlos Alberto Parreira, l'entraîneur des Auri verde, garde quant à lui de « bons souvenirs » de la sélection ghanéenne qu'il a dirigé en 1967-1968 : « Je me souviens tout particulièrement d'une Coupe d'Afrique que nous avions disputée en Éthiopie. Pour moi, la présence du Ghana en Coupe du Monde, ce n'est que justice (…) Ils ont très bien joué contre l'Italie (premier match du Groupe E) et ils ont une très bonne équipe, très forte techniquement. Le Ghana est une grande puissance africaine ».

 Sans Essien mais avec Asamoah et Muntari

Michael Essien ne participera pas à l'un des plus importants matchs de l'histoire du Black Star. Le milieu de terrain du FC Chelsea, moteur de la sélection ouest-africaine, a récolté deux cartons jaunes lors de la phase de poules, contre la République Tchèque et les Etats-Unis, et sera donc suspendu pour la rencontre. Le Ghana pourra en revanche compter sur le retour de l'attaquant Gyan Asamoah et du milieu Sulley Muntari. Le premier faisait remarquer qu'en disputant ce Mondial, il se rendait compte que la différence entre lui et les attaquants vedettes de la compétition n'était pas si importante. Il n'a plus qu'à le prouver face à Ronaldo, qui a débloqué son compteur de buts face au Japon (2 buts), Ronaldinho ou encore Adriano. Robinho, touché à la cuisse, sera certainement absent.

 Le Brésil invaincu par une équipe africaine en Coupe du monde

Le Ghana sera mardi la cinquième sélection africaine à se frotter au Brésil en Coupe du Monde de football, indique le site officiel de la compétition. La Seleçao n'a jamais perdu contre elles. Pire, aucune n'est jamais parvenue à inscrire le moindre but. Les Auri verde ont commencé leur aventure africaine en 1974 face au Zaïre, qu'ils ont battu 3-0, avant de faire de même avec l'Algérie (1-0), en 1986, pour la deuxième et dernière participation des Maghrébins à la compétition. Ils ont ensuite donné deux leçons de football au Cameroun, en 1994 et au Maroc, en 1998, qui se sont terminées sur le même score : 3-0. Mais le site World Cup Fifa trouve des raisons d'espérer. Les Ghanéens et Brésiliens se sont affrontés à six reprises lors de Mondiaux U-17 (Moins de 17 ans, 4 fois) et U-20 (moins de 20 ans, 2 fois) et les premiers l'ont emporté à trois reprises. En 2001, Sulley Muntari, Michael Essien, Razak Pimpong et Derek Boateng ont même éliminé Adriano et Kaka en quarts de finale du Mondial U 20, en Argentine, sur le score de 2-1.

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Saïd Aït-Hatrit