En décembre 2010, Henri Michel, ancien sélectionneur de la France, du Cameroun et du Maroc acceptait de prendre la tête de la Guinée équatoriale, une équipe clairement inconnue dans le monde du ballon rond, mais co-organisatrice de la prochaine CAN avec le Gabon. A moins de sept mois de la phase finale, l'ancien capitaine emblématique de Nantes a pris le temps avec Afrik-foot de justifier ce choix étrange et de faire un point sur la préparation du Nzalang.
Afrik-foot : Henri Michel, vous êtes sélectionneur de
la Guinée équatoriale depuis six mois. Quel premier bilan
faites-vous de cette expérience?
Henri Michel : Quand je suis arrivé, tout
était à faire au niveau de l'organisation. Avec mon staff, nous
avons déjà effectué une large revue d'effectif des joueurs locaux.
Mais aussi dans le reste du monde puisque nos meilleurs éléments
(Javier Balboa, Rodolfo Bodipo ou Randy, NDLR) évoluent
notamment en deuxième et troisième divisions espagnoles. A ce stade
de la préparation, je compte accélérer la progression de l'équipe
sur les plans physique, technique et tactique. Avec un objectif
clair : trouver un bon équilibre et dégager la meilleure
équipe possible.
Dans cette optique, la politique de naturalisation de
joueurs étrangers (le gardien Emmanuel Danilo Clementino Silva, les
défenseurs Ronan Carolino Falcão et Lawrence Doe, le milieu
défensif Daniel Ekedo et, plus récemment, l’attaquant Thierry
Fidjeu Tazemeta ont rejoint l'effectif) va-t-elle se
poursuivre ?
Non, nous n'allons pas naturaliser à outrance. Sinon il n'y aurait
plus aucune cohérence dans l'équipe. Je pense qu'il faut préserver
une certaine identité.
Vous avez été à la tête des plus grandes sélections
africaines (Cameroun, Maroc, Côte d'Ivoire, Tunisie). Pourquoi
avoir accepté de rejoindre le Nzalang ? Vos détracteurs
parlent d'un salaire de 30 000€ par mois et vous décrivent comme un
mercenaire…
D'une, qu'ils vérifient ce chiffre et de deux, je n'en ai rien à
faire de ce que ces gens-là pensent. Je n'ai pas à me justifier. Je
dirai juste que j'ai eu envie de relever un challenge intéressant,
de me mettre en danger. Il ne faut pas oublier que la Guinée
équatoriale va participer à sa première phase finale de CAN. C'est
une chance extraordinaire.
Les victoires engrangées contre les faibles équipes de
Gambie (1-0) et du Tchad (2-0) en matches amicaux vous
encouragent-t-elles malgré tout dans votre objectif de passer le
premier tour de la CAN ?
Oui, c'est encourageant même si je suis conscient qu'il nous faut
trouver de plus grosses cylindrées à affronter pour pouvoir juger
notre véritable niveau. Pour autant, je ne demande pas d'affronter
tout de suite la France et le Brésil (sourire). L'objectif
de passer le premier tour sera très difficile à réaliser. Mais je
ne suis pas inquiet. Quelque que soit le tirage au sort (le 29
octobre à Malabo, NDLR), nous aurons de toute façon à
affronter des équipes de qualité.
Comptez-vous vous inspirer de l'équipe féminine,
finaliste de la CAN en 2011 et qui vient de disputer sa première
Coupe du monde ?
Non, pas vraiment. Dans le football féminin la concurrence n'est
pas la même puisqu'il y a beaucoup moins d'équipes en lice.
Avez vous suivi les éliminatoires de la CAN ?
Avez-vous été impressionné par certaines
sélections ?
Oui, la Côte d'Ivoire et le Nigeria sont redoutables, tout comme le
Maroc qui est une très bonne équipe. Sans oublier le Sénégal qui
revient à un bon niveau.
Comment expliquer les échecs de l'Egypte (éliminée) et
du Cameroun (quasiment éliminé après la défaite et le match nul
contre le Sénégal)?
Pour l'Egypte, il y a peut-être un phénomène d'usure pour une
équipe qui a beaucoup gagné (vainqueur des trois dernières
éditions, NDLR). Elle a peut-être besoin de se renouveler. Et
la Révolution peut aussi expliquer cette élimination. En ce qui
concerne les Lions, je pense qu'ils se mettent en danger tout
seuls. C’est comme si l’équipe ne pouvait fonctionner sans
connaître des difficultés. A commencer par les problèmes financiers
au sein de la Fédération. Sans oublier les relations compliquées
entre l’entraîneur et les joueurs, et entre les joueurs eux-mêmes.
Bien sûr, ces problèmes sont communs à toutes les sélections mais
au Cameroun cela prend des proportions plus importantes
qu’ailleurs.
Vous êtes lié avec le Nzalang jusqu'en février 2012. Un
retour en France est-il possible ? Après votre expérience
mitigée sur le banc du PSG lors de la saison 1990-1991, certains
vous disent grillé dans l'Hexagone.
Même si je commence à prendre de l'âge (sourires), je ne
me sens pas du tout grillé en France. Pour l'instant je m'occupe de
préparer la CAN avec la Guinée équatoriale, ce qui est un vaste
chantier. Mais je reste ouvert à toute proposition.