Deux ans après avoir organisé (et plutôt bien !) le CHAN, l’Algérie a fait sensation en annonçant sa volonté de ne pas participer à l’édition 2024, enfin programmée du 1er au 28 février 2025. Une décision très discutable qui pourrait valoir encore quelques débats et même, possiblement, être remise en cause…
Dans un grand élan, la CAF a enfin donné le feu vert au CHAN en ce début septembre. On était d’abord rassuré, après l’avoir soupçonnée de le bazarder faute de rentabilité et d’organisation de son calendrier. Et enfin, sous la poussée du vice-président camerounais de la CAF, Seidou Mbombo Njoya, voilà que la CAF relançait enfin le CHAN pour février dans les trois pays organisateurs de la CAN 2027, Kenya-Tanzanie-Ouganda.
Immédiatement, on s’inquiétait de savoir quel stade le Kenya pourrait bien proposer à cette échéance, les travaux étant loin d’être avancés. Et, à peine se disait-on que les concepteurs de calendrier dans chaque fédération ou ligue africaine devaient s’arracher les cheveux devant ce calendrier lastminute.com, que la première mauvaise nouvelle débarquait en express : vice-championne en titre, l’Algérie annonçait son forfait pour cette édition 2025.
En soit, il n’est pas si rare que des pays renoncent au CHAN. Et même dans cette région nord si prestigieuse, puisque même l’Egypte n’y participe jamais. Certes, son équipe ressemblerait trop à l’équipe nationale A. De plus, si la CAN rassemble toujours la fine fleur du Maghreb, ce n’est pas forcément le cas du CHAN puisque les éliminatoires zonales font, par essence, des victimes immédiates dans le nord qui ne possède que deux places. En 2020, la Tunisie avait également fait forfait après avoir pourtant battu la Libye.
L'impensable forfait !
Mais là où le coup est violent, c’est qu’il s’agit du dernier organisateur de l’épreuve en 2022. Edition lors de laquelle l’Algérie avait étalé quelques-uns de ses stades neufs dans le but évident de séduire la CAF pour obtenir la CAN 2025. Or, déjà, le Maroc avait fait forfait à ce CHAN algérien sous un prétexte aérien qui cachait bien mal les motivations politiques. Pire : peu après, le duel Maroc-Algérie pour l’attribution de la CAN se transformait en cavalier seul du royaume chérifien.
Consciente de son déficit diplomatique par rapport au Maroc au sein de la CAF, l’Algérie préférait, en effet, renoncer et laissait le Maroc prendre toute la lumière. Dans la foulée, l’Algérie abandonnait même l’édition suivante de 2027. Non pour respecter un semblant d’alternance parmi les zones organisatrices de la CAN. Mais par dépit et tentation usuelle d’isolement.
En apprenant le forfait de l’Algérie, on soupçonnait donc illico un geste politique, une contestation de la CAF avec laquelle les relations sont glaciales. Le Maroc est, en effet, accusé d’être le vrai régulateur de l’instance africaine avec l’incontournable vice-président et ministre Fouzi Lekjaa. Aussi surveillait-on avec intérêt la communication algérienne et marocaine sur les motivations de ce forfait.
L'Algérie à la Coupe Arabe de la FIFA !
Si on se doutait que l’Algérie, seulement participante eau CHAN en 2011 et donc en 2022, n’avait jamais eu une motivation extrême pour cette compétition atypique, la voir renoncer juste après l’avoir organisée constituait néanmoins un choc. Finalement, la cause de ce renoncement serait le calendrier du championnat. On est, d’un côté, admiratif de voir un pays se préoccuper autant de son championnat et de vouloir faire respecter un calendrier aussi tardivement bousculé par une CAF inconséquente et toujours en retard d’une bataille.
Mais, par contre, on sait bien que l’Algérie ne fera pas forfait l’an prochain au Qatar pour la Coupe Arabe de la FIFA qui sera disputée par les meilleurs joueurs du championnat sans rechigner. Certes, l’Algérie y défendra son titre, mais disons qu’il y a surtout des priorités qui se chiffrent en dollars. Et des principes qui peuvent vaciller devant cet argument massif, surtout quand les vainqueurs du CHAN se contenterait de 2 millions de dollars…
La Coupe Arabe en point de mire
On sait que, malheureusement et curieusement, la FIFA a donné son aval à cette compétition régionale, hors confédération. Et que, du coup, elle s’est installée et rapporte même plus que la CAN. Les nations arabes s’y précipitent et sont bien plus attirées par elles que pour une compétition disputée en Afrique subsaharienne comme le CHAN…
Evidemment, l’Algérie a un catalogue d’excuses à faire valoir. Notamment l’imprévoyance puisqu’il n’y avait plus de staff derrière les U23, et ce depuis le départ de Madjid Bougherra une année plus tôt. La FAF a même osé dire qu’elle préférait réorienter les efforts majeurs vers les équipes de jeunes ou féminines. Or, la première idée de la fédération algérienne et de son président Walid Saadi était de présenter l’équipe U20… avant de la retirer en toute incohérence !
L'isolement de l'Algérie
Mais non, l’Algérie a préféré aller au bout et faire forfait, risquant éventuellement une suspension si elle s’était bien inscrite. C’est évidemment un mauvais coup porté à l’épreuve et, surtout, un signe de nouvel isolement diplomatique de l’Algérie. Alors que la construction massive de stades neufs (7 ou 8) et la candidature pour la CAN 2025 étaient autant de signes encourageants pour l’Algérie. Il faut comprendre que, pendant le règne d’Issa Hayatou, elle se sentait toute puissante dans les instances avec l’omniprésence de Mohammed Raouraoua, l’ex-président de la FAF.
Mais le renversement de mars 2017 à Addis-Abeba a largement dépassé la seule présidence de la CAF. Raouraoua a également été battu. Et la montée du Maroc est, depuis, spectaculaire. De nombreux pays sont invités à venir jouer leurs matches « à domicile » là-bas, à Tanger, Marrakech ou Agadir. Diplomatie panafricaine oblige…
Toutefois, dans les autres pays de la région, les plus prompts à réagir ont surtout été les joueurs évoluant en Afrique. Les plus intéressés à jouer ce tournoi ! Ceux-là sont très mécontents d’être privés d’une telle chance de porter le maillot de l’équipe nationale. Avec, à chaque match, une cape qui compte…
Un environnement favorable qui pourrait encore bouleverser la décision de la FAF. En effet, tout un courant de l’opinion algérienne ne comprend pas cette décision hâtive. Des voix qui portent se font entendre en ce sens et la FAF est en pleine réflexion. Du coup, il n’est pas interdit d’espérer que l’Algérie revienne en arrière et participe finalement au CHAN. Avec quelle équipe ? Ca, c’est une autre question…